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Du Royaume de Khor aux plaines de Mìin
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24 mai 2009

Entrée de la grotte de Nühr, Monts des Peines – 23h58

La torche s’était éteinte juste après la zone la plus dangereuse. La jeune femme s’était arrêtée, tous les sens en éveil. Elle avait espéré entrevoir quelque chose, même de façon minime, mais c’était sans espoir. La lune ne se dévoilerait pas avant longtemps. Trop longtemps pour attendre là, exposée au vent glacial et sans possibilité de s’installer de façon confortable ou même sûre.
Elle avait donc marché prudemment à l’aveuglette, consciente que si elle déviait un tant soit peu de sa route, elle pouvait se retrouver en danger de mort. Elle avait étudié et mémorisé le chemin à suivre pendant des journées entières, observant d’en bas la paroi, ses failles, ses falaises, la moindre déclivité, le moindre obstacle pouvant se dresser sur sa route. Et pourtant elle avait buté dangereusement contre des pierres à deux reprises et failli tomber sur la pente raide. Finalement elle était arrivée à la paroi rocheuse dans laquelle s’ouvrait une faille verticale de 6 mètres de haut et 1 mètre de large au plus à sa base. L’entrée de la grotte de Nühr.

Elle tâta la roche pour localiser la faille. Ses mains étaient protégées par d’épais gants en cuir de buffle. Sans cela, elle se serait coupé et éraflé les mains à maintes reprises au cours de son ascension. Malgré cette protection, les bords de la faille lui entaillèrent la main droite. Ca n’était pas douloureux, du moins pas encore, mais elle sentit nettement que la roche traversait les gants et pénétrait sa chair. Elle retira vivement sa main. Saignait-elle ? Sûrement. Dans l’obscurité totale elle ne pouvait voir l’étendue des dégâts mais il lui fallait les évaluer.
Elle retira prudemment ses gants et la douleur fulgura dans tout son bras droit. Sa main était poisseuse, pleine de sang certainement. Elle la tâta de l’autre main avec précaution. C’était particulièrement douloureux. Elle ne pouvait pas continuer ainsi, il lui fallait bander la blessure pour  la protéger et arrêter le flot de sang.
Adossée à la paroi, elle sortit sa dague de son fourreau et découpa tant bien que mal des lanières de tissu dans sa cape. Elle en banda sa main droite en essayant de serrer au maximum le bandage de fortune, s’aidant de ses dents.  Elle eut très mal sur le coup puis la douleur s’estompa progressivement. Des élancements parcouraient sa main à intervalles réguliers mais c’était supportable.

Elle s’assit prudemment au pied de la falaise et laissa enfin parler ses émotions. Elle n’avait jamais eu aussi peur de sa vie. L’ascension jusqu’à la grotte avait été particulièrement éprouvante et la dernière section effectuée dans le noir total l’avait proprement terrifiée. Il lui avait fallu une grande maîtrise pour continuer malgré sa peur. Elle avait fait taire ses émotions, se concentrant sur son objectif et ses motivations.
Mais sa blessure avait soudainement réveillé un flot d’émotions qu’elle ne pouvait plus contenir. Elle était à bout. A bout de ses forces. A bout de son courage. A bout de sa détermination.
Ne restait qu’une terreur grandissante qui la clouait sur place, incapable de réagir et de faire un geste de plus. Des larmes lui vinrent sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi et elle resta là à pleurer un long moment, seule, perdue dans une immensité noire pleine de dangers invisibles.

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